La pandémie COVID-19 a-t-elle accentué la nécessité de digitaliser les services de vulgarisation et de conseil agricoles ?

La crise sanitaire liée au coronavirus a bouleversé nos modes de vie. Aucun secteur n’a été épargné à l’instar de l’agriculture, et plus particulièrement des activités relevant de la vulgarisation et du conseil agricoles. C’est la raison pour laquelle le Forum du Conseil Agricole Madagascar, FCA Madagascar, a réalisé un mini-sondage parmi ses membres. Le but est de pouvoir identifier les défis auxquels doivent faire face les vulgarisateurs agricoles dans le contexte du coronavirus, mais aussi de recenser des solutions pertinentes face à la crise. Au total, 8 organisations issues de 4 régions (Analamanga, Antsinana, Vakinakaratra, Vatovavy-Fitovinany) ont participé à ce sondage.

 

La pandémie COVID-19, un nouveau défi pour les vulgarisateurs agricoles

Tout d’abord, nous devons souligner d’emblée que la vulgarisation et le conseil agricoles sont particulièrement difficiles dans le contexte malgache, même avant la pandémie. En effet, l’accès en milieu rural est compliqué dû à la distance et aux mauvaises conditions des routes. Le manque de ressources humaines est également une limite identifiée par notre panel de participants. Effectivement, le nombre de vulgarisateurs est loin de pouvoir couvrir le nombre de paysans cibles.  Et malencontreusement, la crise sanitaire a davantage accentué ces problèmes. Les mesures prises par le gouvernement malgache ont limité les possibilités de déplacement et de rassemblement. De plus, les vulgarisateurs agricoles vivent généralement en milieu urbain, loin des paysans cibles. Et pourtant, la majorité des participants interviewés ne sont pas encore prêts à déménager en zone rurale à cause de leurs travails et de leurs responsabilités. Par ailleurs, le milieu urbain facilite l’accès à leurs besoins et offre plus de confort (hôpital, marché, énergie, internet…).

La digitalisation des services de vulgarisation et de conseil agricoles, une solution pertinente pour faire face à la pandémie du coronavirus ?

Une des solutions proposées par notre panel de participants est la digitalisation de la vulgarisation et du conseil agricoles. Pour réduire le problème d’accès en zones rurales, l’emploi des NTIC est une solution prometteuse. L’utilisation des médias traditionnels (TV, radio, posters, etc.) et des nouveaux médias (Réseaux sociaux, plateformes d’e-learning, vidéos, etc.) peut être le futur de la vulgarisation et du conseil agricoles à Madagascar. De plus, les technologies numériques sont de plus en plus intégrées dans la société malgache. D’après l’ARTEC (Autorité de Régulation des Technologies de Communication), le taux de pénétration des services mobiles est passé de 5,79% en 2006 à 40,98% en 2017. Quant au taux de pénétration d’internet, il est passé de 0,06% à 9,52% sur la même période. En outre, l’internet mobile a augmenté de façon spectaculaire, atteignant 2.315.785 abonnés en 2017. Soit 24 fois de plus par rapport aux chiffres de 2012. Il est indéniable alors que les technologies numériques prennent de plus en plus de place dans la société malgache. Cela pourrait être une aubaine pour les services de vulgarisation et de conseil agricoles.

Néanmoins, nous devons admettre que les technologies numériques sont encore loin d’être adoptées par les paysans malgaches. Effectivement, à la différence des grandes villes, l’accessibilité numérique est moindre dans les zones rurales à cause du réseau, du coût et de la capacité d’utilisation. A terme, la formation des paysans à l’utilisation des technologies numériques et l’amélioration des infrastructures numériques en milieu rural sont des pistes de solutions pour répondre à ce défi. Mais dans l’immédiat, notre panel privilégie comme solution l’identification et la formation des animateurs locaux aux technologies numériques, et la mise en place de centre d’information par Commune ou par Fokontany. Et pour vous, les technologies numériques représentent-elles l’avenir des services de vulgarisation et de conseil agricoles à Madagascar ?