Dans le cadre du projet CAADP XP4, financé par l’Union Européenne à travers le FIDA, FCA Madagascar a organisé une série de visites d’échange sur le thème de l’AIC. Au total, 16 participants (représentant de ministères, organisations partenaires et staff du FCA) ont pu échanger, renforcer leurs connaissances, étendre leurs réseaux, mais par-dessus tout, découvrir des initiatives d’agriculture climato-intelligente.

Le Jeudi 03 Décembre 2020, à 7h00 du matin, les participants à la journée de visites d’échange ont commencé à affluer au point de rendez-vous au bureau du FCA Madagascar, à Ankorondrano. A 7h30, nous avons définitivement quitté les lieux pour rejoindre le premier site du jour : “Andrin’ny Aina”, à Ambohibao.
“Andrin’ny Aina”, un lieu où on promeut la permaculture urbaine
“Andrin’ny Aina” est un des sites du réseau Ecovillage Madagascar. Dû à son emplacement géographique, le site se différencie par sa pratique de la permaculture urbaine. Durant la visite, grâce à M. Rija, une des personnes en charge du site, et M. Judicaël, un spécialiste en permaculture, la philosophie de cette dernière nous a été alors plus claire. C’est avant tout une pratique qui vise l’autonomie alimentaire, et cela dans le respect de la nature et des hommes. Le but ultime est de reproduire le fonctionnement de la forêt où la nature s’autorégule pour produire et se développer. Cependant, pour atteindre cet objectif, certaines techniques agronomiques doivent être acquises et appliquées. Mais grâce à M. Rija, nous avons pu découvrir et mieux comprendre ces dites techniques. Tout d’abord, il nous a expliqué la pertinence de la culture sur butte, en particulier dans les zones urbaines. En effet, cette pratique permet d’étendre l’espace cultivable et ainsi d’exploiter au mieux les petits espaces. Puis, il nous a fait découvrir la raison pour laquelle l’association des cultures est indissociable à la permaculture. Pour cause, la permaculture omet toute utilisation de produits chimiques (engrais, insecticides ou herbicides). La combinaison de cultures, une fois bien maîtrisée, permet aux plantes de se protéger entre elles contre les insectes et diverses maladies. Aussi, nous avons appris le concept de spirale aromatique. Cette technique permet de créer des micro-climats sur une petite surface. De ce fait, il est alors possible de cultiver, dans ce cas des plantes aromatiques, des plantes ayant des besoins différents. Enfin, le site utilise également des lombri-composts. En plus de générer des engrais naturels, cela permet de traiter les déchets produits sur les lieux. Toutefois, les responsables du site nous préviennent que la permaculture n’est pas seulement une affaire de techniques. C’est avant tout un mode de vie et un investissement de tous les jours.

« Ezaka Maitso », un lieu où l’on apprend l’autonomie rurale
Après un bon goûter et une profonde discussion entre les participants, nous avons quitté « Andrin’ny Aina » pour rejoindre le site « Ezaka Maitso », à Mandrosoa Ivato. Ce dernier fait partie de l’initiative CEDAR (Centre d’Entraînement au Développement pour l’Autonomie Rurale). Ils promeuvent également la permaculture et utilisent les différentes techniques mentionnées précédemment. Mais leur particularité est la promotion de l’autonomie à tous les niveaux. Tout d’abord, l’autonomie alimentaire. Le site récolte entre 60 à 70 kg de produits agricoles par mois. Dans le même temps, le site a également produit son propre engrais en compostant les déchets organiques sur place. A ce jour, « Ezaka Maitso » a produit près de 740 kg de compost. Ensuite, l’autonomie énergétique. Avec ses panneaux solaires et sa pompe à eau, le site est totalement indépendant sur les questions énergétiques. Enfin, toutes les constructions du site proviennent des matériaux disponibles sur place. Des constructions qui ont beaucoup fasciné les visiteurs. Et sur une dernière note positive, nous avons également appris lors de cette visite d’échange que les agriculteurs voisins commencent également à adopter des techniques de permaculture grâce aux échanges avec le centre. Aussi, toujours dans cette perspective d’échange communautaire, à travers Mlle Voaary, la socio-organisatrice du site, les élèves des EPP des environs ont pu bénéficier d’une sensibilisation sur les enjeux de l’agriculture intelligente face au climat et de la permaculture.

« Patrakala » et la micro-irrigation
Après un délicieux déjeuner à « Ezaka Maitso », notre petit groupe a tourné le talon vers la troisième et dernière visite de la journée, direction « Patrakala ». « Patrakala » est un centre de loisirs mais aussi une entreprise privée de fabrication et de vente de kits de micro-irrigation. Selon Mme Nirina, propriétaire du site, l’utilisation de ces kits de micro-irrigation permettrait des économies d’eau allant de 50 à 60%. La micro-irrigation peut ainsi être une solution durable pour faire face à la croissance de la sècheresse et à la raréfaction des ressources en eau. Cependant, lors de cette visite, nous avons découvert que le coût d’investissement dans de tels kits est assez lourd et hors de la portée de la grande majorité des bourses malgaches. Pour cause, contrairement aux autres intrants agricoles, les kits de micro-irrigation ne bénéficient pas d’une exemption douanière. Néanmoins, nous espérons que l’urgence climatique, parfaitement illustrée par le fléau du kere dans le Sud de Madagascar, fera agir le Gouvernement en place.
17h00, il est temps de rentrer. Ce fut un long marathon mais c’était également une journée très enrichissante au cours de laquelle nous avons pu partager nos expériences, nos perspectives mais aussi de la joie. C’était aussi l’occasion de renforcer nos réseaux respectifs ainsi que notre collaboration avec les différentes parties prenantes. De plus, des esquisses de projets communs ont déjà été discutés au cours de cette journée. Nous espérons seulement qu’ils se concrétiseront. Vous aussi, vous pouvez (re)vivre cette journée en suivant notre page Facebook https://web.facebook.com/fcamadagascar pour plus de photos et de vidéos.